
L’agilité en vrai, ça donne quoi ?
Retour d’expérience sur 10 années d’agilité en agence, ce qu’on a gardé, ce qu’on a modifié et quelques unes des leçons que l’on en a tiré !
Pourquoi développer une version minimale alors qu’on pourrait développer toute notre idée directement ?
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Publié le
15 janvier 2025
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UXLancer un nouveau produit sur le marché est un défi complexe qui nécessite de jongler avec de nombreux facteurs : comprendre les besoins des utilisateurs, évaluer la concurrence, gérer les ressources financières et techniques, s'adapter rapidement...
Les méthodes pour aborder ce challenge sont variées. Par exemple, le développement en cascade ou "Waterfall", consiste à suivre un processus linéaire et structuré, mais peut manquer de flexibilité pour s'adapter aux changements. D'autres approches, comme le Lean Startup et le Design Thinking, mettent l'accent sur l'expérimentation et l'empathie utilisateur, tandis que de nombreuses autres méthodes issues de la pratique agile favorise des itérations rapides et une collaboration constante pour ajuster le produit en temps réel.
Parmi ces approches, le Minimum Viable Product (MVP) se distingue par sa capacité à valider rapidement une première idée et direction de produit avec un minimum de ressources.
Dans cet article, je vous propose de décortiquer ensemble la notion de MVP. 🚀
Commençons par une rapide définition. Le MVP est une version simplifiée d'un produit, dotée de fonctionnalités limitées mais jugées essentielles pour satisfaire les premiers utilisateurs. Il se concentre sur l'apprentissage rapide et l'adaptation par itérations successives, minimisant ainsi les risques d'échec.
Vous souhaitez par exemple construire une voiture. Vous auriez par instinct peut-être envie de construire le moteur, puis monter les roues, assembler la carrosserie
Si l’on suit plutôt une logique de MVP, l’idée sera dans un premier temps de mettre en place une version minimale qui permet de répondre au besoin principal de vos utilisateurs, ici se déplacer. Nous pourrions commencer avec un skate. Puis on évoluera, au fil des observations et des retours, vers une trottinette, un vélo, un scooter et enfin une voiture.
Le principal avantage d'un MVP est qu'il permet de tester rapidement une idée de produit auprès de vrais utilisateurs. Cela aide à vérifier si le produit répond vraiment à un besoin (le besoin de se déplacer dans ce cas d’exemple), et à ajuster la prochaine version (une superbe trottinette) en fonction des retours sur le produit.
En limitant le développement initial aux fonctionnalités critiques, un MVP diminue le risque de surdévelopper un produit qui pourrait ne pas trouver son marché.
Il permet aussi une adaptation rapide en fonction des retours des utilisateurs. Les équipes peuvent ainsi itérer rapidement, ajoutant ou modifiant des fonctionnalités en fonction des besoins réels, ce qui améliore la pertinence du produit final.
La démarche peut sembler plus longue, mais elle est surtout plus sûre que le fait de lancer un produit complexe dès le départ.
L’intérêt est de construire de manière itérative et progressive. On s’assure ainsi plus tôt de partir dans la bonne direction et sur le long terme cette méthode peut faire gagner du temps (on sait précisément comment améliorer les fonctionnalités cœurs et on évite de partir dans toutes les directions sur des fonctionnalités par forcément pertinentes pour les utilisateurs).
Tous les grands produits et applications que nous utilisons de nos jours ont commencé bien différemment que ce qu’ils sont aujourd’hui ! Ils ont notamment pu se développer en s’appuyant sur la méthode de MVP.
Imaginé par Mark Zuckerberg et ses colocataires à Harvard, Facebook a commencé comme un site d'annuaire universitaire destiné spécifiquement aux étudiants de Harvard. Le site s'est ensuite étendu pour recevoir les inscriptions d'autres universités, puis s’est ouvert à des entreprises avant de devenir un phénomène mondial et d’ajouter au fil des années diverses fonctionnalités.
En 2010, Kevin Systrom ainsi qu’un autre un ingénieur de Stanford ont développé une simple application de prise et de partage de photos, avec 11 filtres simulant des techniques de développement professionnel. Après environ huit semaines de travail Instagram est né et en quelques mois l’application comptabilisait déjà un million d’utilisateur !
Pinterest a commencé sous le nom de Tote, et permettait aux utilisateurs de partager leurs coups de cœur en ligne. L'équipe a remarqué que les utilisateurs créaient des collections visuelles. Ils ont pivoté vers un modèle centré sur le partage d'images sous forme de tableaux d'inspiration, ce qui est devenu le cœur de Pinterest.
LinkedIn a lancé un MVP minimaliste qui permettait aux utilisateurs de créer des profils professionnels et de se connecter avec d'autres professionnels. L'objectif initial était de valider l'idée d'un réseau social professionnel. Avec des fonctionnalités de base, LinkedIn a prouvé qu'il existait une demande pour le réseautage professionnel en ligne. Le service a ensuite été élargi pour inclure des fonctionnalités comme les recommandations, les groupes et les offres d'emploi.
Et oui, aucune méthode n’est parfaite ! Bien que le MVP soit puissant pour valider une idée de produit avec des fonctionnalités limitées, il comporte aussi des risques. Si les utilisateurs jugent que le produit est trop simpliste ou qu'il ne répond pas correctement à leurs besoins, ils peuvent rapidement s’en désintéresser. La première impression est souvent cruciale : un utilisateur déçu dès le départ sera difficile à faire revenir, même si le produit s'améliore par la suite. C'est pourquoi il est essentiel de choisir avec soin les fonctionnalités initiales à mettre en avant, celles qui offriront la plus haute valeur dès le début.
De plus, il est possible que, grâce aux retours et observations des utilisateurs, on se rende compte que la direction initiale n'était pas la bonne, obligeant l'équipe à revoir sa copie, voire à repartir de zéro. Cette non-validation par les utilisateurs peut être perçue comme un revers, mais elle présente aussi l'opportunité de pivoter rapidement et d'éviter de gaspiller du temps et des ressources sur un projet qui, au final, n'aurait jamais trouvé son marché.
Côté Uxer, nous utilisons très fréquemment cette approche dans nos différents projets. Nous préférons proposer des fonctionnalités simples (mais pertinentes) que les utilisateurs vont pouvoir facilement prendre en main et venir les enrichir au fil du temps.
Cela permet aux clients avec lesquels nous travaillons de lancer rapidement leur produit sur le marché et de le confronter aux retours utilisateurs. Fonctionner ainsi est beaucoup plus sécuritaire que de mettre en place des fonctionnalités complexes dès le départ, surtout si l’on manque de données utilisateurs au départ du projet!
Développer des fonctionnalités poussées sur la base de nos propres suppositions est bien plus risqué, car il est vrai que nous sommes des experts du digital mais dès qu’il s’agit de médecine, de comptabilité ou de restauration par exemple, nos connaissances sont bien plus limitées, les données utilisateurs deviennent alors essentielles pour faire les bons choix !
De plus, il est beaucoup plus pénible de faire marche arrière sur quelque chose de lourd (autant en développement qu’en design, car cela peut nous obliger à repenser beaucoup d’autres éléments) que de modifier une fonctionnalité simple.
Une de nos approches pour concevoir rapidement un premier prototype d’un MVP est le design sprint. Cette méthode collaborative, répartie généralement sur 5 jours, permet de transformer une idée en un prototype concret et de le tester directement auprès d’utilisateurs réels. Chaque journée est dédiée à une étape précise: comprendre le problème, explorer des solutions, sélectionner la meilleure, créer un prototype et recueillir des retours grâce à des tests. Bien que le rythme puisse sembler contraignant, c’est justement ce qui fait sa force : il pousse l’équipe à se concentrer sur l’essentiel et à avancer rapidement.
Le développement d’un MVP permet de rapidement lancer une première version de produit, de valider la direction prise et de le faire évoluer petit à petit sur la base d’observation et des retours utilisateurs.
Il pourrait être tentant de vouloir lancer son produit avec 100% des fonctionnalités dès le départ. Mais cela comporte beaucoup plus de risque d’échec que d’y aller étape par étape. N’oubliez pas même les plus grandes applications ont commencé en étant “petites” et pourtant elles ont révolutionné notre quotidien. 😉
Sources de l’article
4 Benefits of MVP (Minimum Viable Product) Methodology
atomicobject.com
Top 15 minimum viable product examples and stories behind them
purrweb.com
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